Comme nous l'avons vu dans les principes de base, le report / déport (ou points de swap) représente donc le différentiel d'intérêt entre les 2 devises d'un contrat de change à terme. En effet pour la Banque qui va coter à son client un prix de change à terme (et donc qui va se « couvrir ») cela revient à contracter simultanément un prêt et un emprunt dans 2 devises différentes et ce pour un même nominal.
A partir de notre exemple de l'importateur (acheteur d'USD à terme), calculons un prix de EUR/USD à 3 mois (90 jours).
Nous disposons toujours des éléments suivants:
Pour effectuer la couverture de l'opération, nous partons du montant à terme soit par exemple 10 millions d'EUR qui nous seront versés par le client (il est acheteur d'USD, vendeur d'EURO). Cette entrée doit être annulée par une sortie, c'est à dire un remboursement d'emprunt.
Les flux, vus du coté de la banque, peuvent se représenter de la manière suivante:
Le miracle s'est accompli sous vos yeux ébahis, sur chaque échéance, la somme algébrique des flux est égale à zéro.
Connaissant le montant principal et le montant contre-valeur, il est facile d'en déduire un cours de change à terme et par soustraction avec le cours spot utilisé un report/déport (voir point 4 ci-dessus).
Pour être parfaitement « bouclée », cette opération doit donc comprendre
Il va sans dire (mais c'est mieux en le disant) que toute amélioration sur l'une des opérations dégagera un gain supplémentaire.
Toutes les opérations décrites ci-dessus sont réalisables en pratique. Cependant, il existe sur le marché certains usages qui peuvent rendre délicates certaines transactions. Ainsi, les montants « brisés » sont plus difficiles à négocier et l'on peut dans ce cas ne pas pouvoir bénéficier d'un prix serré (que cela soit sur le change ou sur la trésorerie).
Très souvent, la Banque aura tout intérêt à négocier des montants de marchés. Dans l'exemple ci-dessus elle pourra être amené à couvrir le comptant pour EUR 10.000.000 afin de bénéficier d'un prix meilleur que celui utilisé dans son calcul. Elle devra ensuite ajuster les autres opérations en conséquence afin de tendre vers une couverture totale des flux. Si elle ne le faisait pas, elle s'exposerait à un risque de change ou à un risque de taux (voir les deux).
Notons d'ailleurs qu'en règle général, le change à terme « sec » (encore appelé « outright ») est réalisé entre une entreprise et sa banque.
Un prix de terme sec n'est pas coté entre banque, ce qui explique qu'il soit utile de connaître la méthode de calcul.
Pour couvrir un outright, les banques utilisent une autre méthode consistant à combiner une opération de change au comptant et un swap.
On pourrait penser que les points de swap sont la stricte équivalence des taux d'intérêts des devises concernées. Ceci n'est vrai qu'à 2 conditions:
Si ces conditions ne sont pas réunies, notamment lors d'événements économiques ou politiques affectant une monnaie, la fourchette citée plus haut se resserre et prend une orientation certaine.
Une grande majorité de Cambistes intervient alors dans le même sens. Sur ces Marchés fortement spéculatifs et volatiles, ce sont (en simplifiant) les taux qui découlent des points.
Considérons un couple de devises quelconque, devise1/devise2.
Si le taux de la devise1 est inférieur au taux de la devise2 (la « courbe » est ascendante) on parle de report.
Inversement, si le taux de la devise1 est supérieur au taux de la devise2 (la « courbe » est descendante) on parle de déport.
Dans l'exemple ci-dessus, pour le couple EUR/USD, le taux EUR est supérieur au taux USD, d'où le déport de 39 points constaté.
Comme pour les cotations de change au comptant, on donne généralement un prix dans les 2 sens, par exemple 38/40. On ne précise jamais le signe. Comment distinguer alors un report d'un déport? Voici la clé:
On doit donc comprendre -40/-38.
Lorsque le report ou le déport est égal à zéro, on dit qu'il est au pair. Ainsi un prix de la forme « le pair à 10 » signifie 0/10.
De même, en cas d'ambiguïté, par exemple pour un prix autour du pair (zéro), on indique le sens : -1/+1.
Pour faire des calculs, voyez le menu Calculs financiers
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