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Marché des changes

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Une idée pas si nouvelle que ça ... ou comment faire du neuf avec du vieux

Objectifs initiaux de la proposition

Au vu des volumes échangés quotidiennement sur le marché des changes (voir Volumes de transactions), un prix Nobel d'économie James TOBIN a proposé, dans les années 70, de taxer les transactions spéculatives réalisées sur le marché des changes (une idée similaire avait d'ailleurs déjà été proposée par Keynes après le désastre économique de 1929).

Ce dernier considère en effet (à juste titre, d'ailleurs, les statistiques le prouvent) que les transactions dans leur majorité sont purement spéculatives (c'est à dire non liées à une activité commerciale ou d'investissement).

Qui plus est, ces transactions de durée relativement courte (jusqu'à la semaine pour 80% d'entre elles) peuvent mettre en péril certaines économies. On pourra citer en exemple la dernière crise asiatique dont l'effondrement des taux de change a été expliqué par le brusque retrait des capitaux spéculatifs ou encore la situation en Argentine, en Turquie.

Replaçons cependant cette idée dans son contexte, c'est à dire les années 1970. A cette époque, le Système Monétaire International est en crise après l'abandon par les États-Unis du système de taux de change fixe.

La taxe proposée poursuit alors 2 objectifs :

  • limiter la spéculation à court terme,
  • permettre à divers institutions internationales de disposer de ressources.

Détournement

Les principales organisations anti mondialisation ont interprété les propositions de James TOBIN en proposant d'affecter les sommes perçues à l'aide au développement.

James Tobin a d'ailleurs pris position contre ces détournements.

Il a ainsi déclaré (dans un article du journal Le Monde) : « j’apprécie l’intérêt qu’on porte à mon idée mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d’où il faut. Je suis économiste et, comme la plupart des économistes, je défends le libre-échange. De plus, je soutiens le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), tout ce à quoi ces mouvements (anti-mondialisation) s’en prennent. J’estime être aujourd'hui mal compris. J’estime aussi qu’on s’est abusivement servi de mon nom pour des priorités qui ne sont pas les miennes. La taxe Tobin n’est en rien un tremplin pour les réformes dont ces gens veulent. ».

En effet, pour beaucoup d'économistes, la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde est justement de favoriser les échanges commerciaux.

Les hommes politiques se sont également dits intéressés par cette taxe aussi bien à droite (François Bayrou, Philippe Seguin) qu'à gauche (Lionel Jospin).

Arguments

Y'a l'pour ...

  • Réduire les mouvements de capitaux purement spéculatifs en réduisant la marge attendue, ce qui contribuerait à diminuer les volumes échangés.
  • Réduire la volatilité, toujours en réduisant les volumes.
  • Faciliter l'application de la politique monétaire en déconnectant les variations de taux des flux de capitaux..
  • Aider les pays sous-développés en réservant les fonds récoltés au financement des programmes de développement.

... et y'a l'contre. 

  • La baisse de la volatilité ne serait pas évidente. En effet, soit la taxe est inefficace, soit elle est efficace et dans ce cas le marché sera moins liquide (moins de volume) et engendrera d'importantes fluctuations pour chaque transaction.
  • Les crises monétaires ne seront pas évitées car dans ce cas les variations de cours sont bien supérieures aux taux supposés de la taxe TOBIN. Et même en admettant que l'on ajuste la taxe dans ces périodes de crises, on ne combattra que certains effets et non la cause profonde.

On peut cependant craindre quelques effets pervers :

  • Les sociétés actives sur le commerce international seront taxées, ce qui pourra entraîner une réduction des marges et des investissements.
  • En cas de crise monétaire, et en l'absence de spéculation, la surévaluation de la monnaie pourrait être aggravée.
  • Puisque la taxe doit servir au pays en voie de développement, les pays (habituellement « donateurs ») vont réduire le montant des fonds autrefois alloués à l'aide au développement.
  • Les marchés ont toujours su réagir aux contraintes (fiscales, réglementaires) en trouvant des parades. Cela va de la création de nouveaux produits à l'installation de succursales off-shores dans des pays moins taxés.

En toute objectivité, la mise ne place d'une telle réforme demanderait l'adhésion de l'ensemble de la communauté monétaire internationale soit 195 pays. Certains paradis fiscaux n'appliqueraient sûrement une telle taxe ce qui aurait pour effet d'augmenter l'évasion fiscale vers ces pays.

Observons que la perception de cette taxe pourrait néanmoins être facilitée grâce à la montée en puissance d'un (nouveau) système de compensation (la CLS Bank) qui traite déjà 35% des règlements des opérations de change. 

Conclusion

Les économies américaine et européenne ont bien changé depuis les années 70, elles se sont stabilisées et renforcées et on peut les estimer à l'abri de certains des déséquilibres observés à l'époque.

Cela n'est bien sûr pas le cas de pays plus modestes. N'oublions pas néanmoins que d'autres mesures existent pour combattre les entrées et sorties de capitaux purement spéculatifs : contrôle des changes, double marché, dépôt obligatoire non rémunéré, etc.

C'est d'ailleurs le contrôle des changes qui a permis à des pays comme le Chili, l'Inde ou la Chine de mieux résister que d'autres aux dernières crises financières.

Reste que les entrées financières que représente cette taxe (le taux appliqué va de 0,05 à 0,25% ce qui, selon James TOBIN lui-même ne devrait pas pénaliser les opérations commerciales) ont de quoi intéresser les gouvernements qui souhaitent réduire leur déficit budgétaire (et les élus en mal de popularité).

Ainsi pour la France, on estime que la taxe TOBIN représenterait une rentrée de près de 3 milliards de dollars par an.

2 questions restent en suspens : comment concrètement mettre en place une telle réforme et qui profiterait réellement de cette manne financière ?

En France, les partisans de la taxe Tobin sont regroupés au sein de l'ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières pour l'Aide au Citoyen http://www.france.attac.org/).

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